La vie bouillonne en cette fin de siècle. Après la tragique disparition des Valois, l'abjuration du Bourbon et la promulgation de l'édit de Nantes ont ramené dans les campagnes une paix religieuse qui, bien que chargée de menaces latentes, est favorable au commerce et aux récoltes. Dans cette atmosphère propice, la force vitale éclate en mariages et naissances. La proximité des patronymes homophones, les familles nombreuses et les mariages endogames provoquent un enchevêtrement de parentés qui rend hasardeuse l'exploitation de documents insuffisamment précis. Mais quand Pierre Fustier fils de Claude Fustier épouse Jeanne Fustier fille de Pierre Fustier lui-même fils de Raymond Fustier tous habitants de Langlade de Gravières tout porte à croire qu'il s'agit de rapprochements de patronymes et non de mariages consanguins qui sont, comme on pourra le constater ultérieurement, vigoureusement contrariés par la sainte église catholique, apostolique et romaine.
François Jallet, l'héritier de Louis
, est l'époux de Marie Folchier
probablement issue de Naves.
À leurs derniers enfants, Anthonie
née le 12 juillet 1608,
Anthonie
(bis) née le 30 juillet
1609, Marie
née le 28 février 1611
et Jacques
né le 26 mai 1615,
il faut ajouter Françoise
, notre ascendante assez âgée
en 1611 pour être marraine de sa sœur Marie
, Jeanne
qui épousera un autre Pierre
Fustier fils de Pierre, et Pierre
cité plus loin. Marie
Folchier
accouche de Jacques
en 1615 et marie sa fille
Françoise
la même année.
Jean Combalusier de la Combe de Saint
Jean de Pourcharesse prend pour femme l'une des Ysabel Jallet
fille de Louis
. Le 15 novembre 1608
les Jallet
père et fils paient une partie
de la dot de quatre cents livres soit "onze-vingt livres" et
"deux robes nuptiales à l'usage de ladite Jallette l'une drap de velours
et l'autre de maison autre robe drap de velours à l'usage de ladite Raymonde
(mère de Jean) un écus destrier promis audit Claude Combalusier (père
de Jean) un accoutrement drap de velours à l'usage dudit Jehan Combalusier"
"en dix sept doublons d'or d'espaigne, six écus estriers, sizains, ducatons,
testons et autre bonne monnaie". Le 27 janvier 1616 François
Jallet
paie une autre partie de la
dot et, le 16 mai 1619, le solde "et deux linceuls toile prince
de maison le tout pour entier paiement et pleine subrogation de la somme de
quatre cents livres et autres choses jadis consentie par feu Louis Jallet à
ladite Ysabel Jallet sa fille" est versé au marié par Antoine Charaix
"comme tenancier dudit
feu Louis". Louis
et François
Jallet sont morts ;
être débiteur des Combalusier ne portait pas chance !
Claude Viollet des Champels a épousé l'autre Ysabel Jallet
. Dans le parrainage de leur
nombreuse nichée on note Louis Jallet
, Jacques Jallet
et Antoine Charaix
en 1615.
Tout va donc pour le mieux dans le Vivarais du bon roi Henry. La peste exhale en d'autres lieux ses effluves putrides ; les conflits religieux endémiques attendent leur heure ; hommes et femmes travaillent dur, prenant sur leur repos le temps nécessaire à la conception de cette nombreuse progéniture qui, en dépit de la terrible mortalité infantile, est capitalisée par ses géniteurs comme les points d'une garantie vieillesse.
La situation de la famille semble prospère. Le 4 juin 1610 François
Jallet, exécuteur pour la communauté
des Salelles, verse à Pierre Audibert du Pradet
de Gravières prêtre et curé de la paroisse quatre vingt
cinq livres "à quoi se montent les gages et salaires que ledit curé
prend en ladite paroisse des Salelles tant sur le prieur que sur ladite paroisse
et communauté".
La mort du Béarnais n'a pas dû bouleverser les campagnes profondes est-méridionales mais les intrigues de la régence italienne, les désordres et leurs indissociables exactions et rapines vont ramener les dévastations dans le monde rural. Certes, le Bas-Vivarais cévenol n'est pas sur les grands axes de communication mais l'insécurité existe et des individus inquiétants, déserteurs ou métayers ruinés, errent dans le pays en quête de nourriture.
Marguerite Sabatier n'est plus quand, le 30
octobre 1614, Louis Jallet
retourne définitivement
à la terre de ses ancêtres ... le règlement de sa succession ne s'achèvera qu'en
1618. .../...