La terre promise : (: ascendant - : oncle - : cousin)
Louis et François Jallet propriétaires au Conchaix des Salelles (1600 - 1614)

La vie bouillonne en cette fin de siècle. Après la tragique disparition des Valois, l'abjuration du Bourbon et la promulgation de l'édit de Nantes ont ramené dans les campagnes une paix religieuse qui, bien que chargée de menaces latentes, est favorable au commerce et aux récoltes. Dans cette atmosphère propice, la force vitale éclate en mariages et naissances. La proximité des patronymes homophones, les familles nombreuses et les mariages endogames provoquent un enchevêtrement de parentés qui rend hasardeuse l'exploitation de documents insuffisamment précis. Mais quand Pierre Fustier fils de Claude Fustier épouse Jeanne Fustier fille de Pierre Fustier lui-même fils de Raymond Fustier tous habitants de Langlade de Gravières tout porte à croire qu'il s'agit de rapprochements de patronymes et non de mariages consanguins qui sont, comme on pourra le constater ultérieurement, vigoureusement contrariés par la sainte église catholique, apostolique et romaine.

François Jallet, l'héritier de Louis, est l'époux de Marie Folchier probablement issue de Naves. À leurs derniers enfants, Anthonie née le 12 juillet 1608, Anthonie (bis) née le 30 juillet 1609, Marie née le 28 février 1611 et Jacques né le 26 mai 1615, il faut ajouter Françoise, notre ascendante assez âgée en 1611 pour être marraine de sa sœur Marie, Jeanne qui épousera un autre Pierre Fustier fils de Pierre, et Pierre cité plus loin. Marie Folchier accouche de Jacques en 1615 et marie sa fille Françoise la même année.
Jean Combalusier de la Combe de Saint Jean de Pourcharesse prend pour femme l'une des Ysabel Jallet fille de Louis. Le 15 novembre 1608 les Jallet père et fils paient une partie de la dot de quatre cents livres soit "onze-vingt livres" et "deux robes nuptiales à l'usage de ladite Jallette l'une drap de velours et l'autre de maison autre robe drap de velours à l'usage de ladite Raymonde (mère de Jean) un écus destrier promis audit Claude Combalusier (père de Jean) un accoutrement drap de velours à l'usage dudit Jehan Combalusier" "en dix sept doublons d'or d'espaigne, six écus estriers, sizains, ducatons, testons et autre bonne monnaie". Le 27 janvier 1616 François Jallet paie une autre partie de la dot et, le 16 mai 1619, le solde "et deux linceuls toile prince de maison le tout pour entier paiement et pleine subrogation de la somme de quatre cents livres et autres choses jadis consentie par feu Louis Jallet à ladite Ysabel Jallet sa fille" est versé au marié par Antoine Charaix "comme tenancier dudit feu Louis". Louis et François Jallet sont morts ; être débiteur des Combalusier ne portait pas chance !
Claude Viollet des Champels a épousé l'autre Ysabel Jallet. Dans le parrainage de leur nombreuse nichée on note Louis Jallet, Jacques Jallet et Antoine Charaix en 1615.

Tout va donc pour le mieux dans le Vivarais du bon roi Henry. La peste exhale en d'autres lieux ses effluves putrides ; les conflits religieux endémiques attendent leur heure ; hommes et femmes travaillent dur, prenant sur leur repos le temps nécessaire à la conception de cette nombreuse progéniture qui, en dépit de la terrible mortalité infantile, est capitalisée par ses géniteurs comme les points d'une garantie vieillesse.

La situation de la famille semble prospère. Le 4 juin 1610 François Jallet, exécuteur pour la communauté des Salelles, verse à Pierre Audibert du Pradet de Gravières prêtre et curé de la paroisse quatre vingt cinq livres "à quoi se montent les gages et salaires que ledit curé prend en ladite paroisse des Salelles tant sur le prieur que sur ladite paroisse et communauté".

La mort du Béarnais n'a pas dû bouleverser les campagnes profondes est-méridionales mais les intrigues de la régence italienne, les désordres et leurs indissociables exactions et rapines vont ramener les dévastations dans le monde rural. Certes, le Bas-Vivarais cévenol n'est pas sur les grands axes de communication mais l'insécurité existe et des individus inquiétants, déserteurs ou métayers ruinés, errent dans le pays en quête de nourriture.

Marguerite Sabatier n'est plus quand, le 30 octobre 1614, Louis Jallet  retourne définitivement à la terre de ses ancêtres ... le règlement de sa succession ne s'achèvera qu'en 1618. .../...