Retour vers le futur : (: ascendant - : oncle - : cousin)
Antoine Charaix maçon du Conchaix des Salelles (1615 - 1641)

Revoilà Antoine Charaix ! Toujours d'Elze mais maintenant maçon. Le 4 mai 1615 il sort de sa bourse quatre-vingt livres pour Mathieu Folcher de Naves, certainement parent de la future belle-maman.
Pierre Fustier de Langlade de Gravières fils de Pierre a épousé Jeanne Jallet fille de François. De la dot fixée par le contrat, François Jallet verse cent livres au père du marié le 25 janvier 1616 "et lesdites cent livres ledit Fustier reconnaît à ladite Jallette sa belle-fille sur tous et chacun ses biens présents et avenir aux fins que s'il y a lieu de restitution icelle lui puisse être assurée et restituée tout ainsi et en la forme et manière que se porte par ledit mariage" et le 18 février 1617 le solde de "cinquante livres et une robe nuptiale drap de couleur à l'usage de Jehanne Jallet fille dudit François et femme d'autre Pierre Fustier fils du susdit le tout reçu savoir ladite robe réellement ci-devant et ladite somme de cinquante livres ici réellement en écus sol, écus d'Espagne et d'Italie, seizains et autre monnaie le tout pour reste entier paiement et plénière subrogation de tout le dot et verchère jadis constitué par ledit François Jallet à ladite Jehanne sa fille". Pourtant, le 12 mai 1631, Antoine Charaix est condamné à donner à sa belle-sœur Jeanne une robe "telle qu'est désignée en un oblige par moi reçu consenti par ledit Charaix au profit dudit Fustier ou de sadite femme qu'il dit avoir perdue que dépendait des restes de dot d'icelle". Quinze ans après ! La robe dut probablement subir quelques retouches.

Attention ! "Sachent tous présents et avenir que l'an mil six cent quinze et le quatorzième jour du mois de juillet après midi reignant très chrétien prince Louis par la grâce de dieu roi de France et de Navarre en présence de moi notaire royal et des témoins bas nommés comme sont" "en l'honneur de dieu et en multiplication du genre humain, par parole de futur, mariage a été traité lequel si plaît à dieu soit fait et accompli en l'église catholique apostolique et romaine et suivant la loi d'icelle par et entre mr Antoine Charays maçon natif d'Elze paroisse de Malons d'un côté et Françoise Jallette fille naturelle et légitime de François Jallet et de Marye Folchier du lieu des Sabatiers de Conchays paroisse des Salelles du diocèse de Viviers d'autre lesquelles parties étant ici présentes et personnellement établies ont promis et juré ledit mariage et de icelui accomplir et solenniser en ladite église à la première volonté et réquisition de l'un d'iceux savoir ledit Charays avec le conseil et avis de Jehan Crégut dit Pincel dudit lieu d'Elze et ladite Jallette avec le conseil et avis de sesdits père et mère" "ledit François Jallet sera tenu comme a promis et promet devoir quitter céder et remettre à ladite Françoise sa fille tout ainsi que dés à présent par vertu et manière dudit présent contrat de mariage et en faveur d'icelui leur quitte cède et remet ores et à jamais purement et irrévocablement à ladite Françoise Jallette sadite fille présente stipulant et humblement remerciant la moitié entière de tous et chacun ses biens droits noms et actions meubles immeubles présents et avenir où que soient en quoi que consistent ou que puissent consister et être dits établis et nommés et ce avec toutes leurs charges honneurs droits libertés facultés passages et obéissances pour desdits biens devant faire user et disposer à tous ses plaisirs et volontés tant à la vie que à la mort" "ledit mr Anthoine Charays sera tenu comme a promis et promet bailler audit Jallet son beau-père en dot et par manière de constitution de dot la somme de sept cents livres tournois aussi une brassière de cadis de couleur à l'usage de Marie Folchier femme dudit François autres deux robes à l'usage l'une de Jehanne l'autre de Marye Jallettes sœurs de Françoise aussi trois doublons d'or espagne savoir deux à Pierre et l'autre à Jacques Jallets frères de Françoise deux cartals de blé froment deux moutons gras un quintal chair de boeuf cuit et de plus un lit garni de deux linceuls deux couvertes marchandes laine de mouton pelée avec telle autre garniture que bon lui semblera". Les témoins de ce document exceptionnel sont Cristet Durant de Mirandol, Pierre Crégut d'Elze fils de Jean, Antoine Merle d'Elze, Guilhaume Chastanet d'Alauzas, Jean Privat de Montachard, Mathieu et Claude Folchier frères de Naves. Sourions à la date du 14 juillet, notons que si la présence d'un frère utérin d'Antoine (Jean Crégut) est signalée celle de ses parents ne l'est pas, et retenons que c'est le marié qui paie la dot.
Et le 7 novembre 1615, Antoine Charaix fils de feu Antoine d'Elze (le curé nomme le père mais pas la mère) épouse, en l'église des Salelles, Françoise Jallet fille de François et Marie Folchier du Conchaix. Des sept cents livres dues à François Jallet, trois cent quarante deux livres "compris et inclus tous autres paiements précédants mis en fournitures d'argent et autres choses que ledit Charaix peut avoir faites fournies et avancées pour lui suivant leur compte qu'ils en ont fait ici en notre présence" sont déduites le 9 février 1616, quatre vingt sept livres le 18 février 1617 "outre autres quittances que ledit Jallet reconnaît audit Charays sur tous ses biens comme est contenu au contrat de son mariage y compris et inclus toute fourniture et avance de du et d'avoir que ledit Charaix aurait fourni et avancé pour ledit Jallet jusqu'à présent suivant le compte entre iceux fait en ma présence" et le reste m'a échappé ou n'a jamais été payé.
Le 16 janvier 1618, François Jallet emprunte trente livres à "Jehanne Domergue fille à feu Pierre du lieu de Salveplane par nécessité habitante à présent à la paroisse des Salelles" qu'il "a promis et promet payer rendre et satisfaire à ladite Domergue le jour et fête de Noël prochain". La cancellation de cette obligation est faite par Antoine Charaix le 2 mai 1627 et, étrangement, répétée le 14 mai devant des témoins différents. Les prêts d'argent sont parfois garantis par l'engagement d'une pièce de terre mais très souvent ils ne comportent aucune clause relative au revenu de l'argent prêté. De même, lorsqu'ils ne sont pas obtenus à la suite d'une action de justice, les remboursements parfois très tardifs ne sont apparemment pas assortis de pénalités. Il est vrai que l'église d'alors interdit radicalement le prêt usuraire et menace des foudres sacrées ceux qui le pratiquent laissant ainsi le champs libre aux banquiers juifs et lombards. Le cercle familial lorsqu'il est sollicité, n'exige de l'emprunteur, outre le remboursement de la somme prêtée, que des services en natures qui maintiennent la stabilité dans l'escarcelle communautaire des escus d'or au soleil, pistoles et doublons d'Espaigne ou d'Italie, francs de Roy, quarts d'écu, testons, ducats, douzains, sizains et autres bonnes monnoyes. Les dates d'échéance sont généralement désignées par les fêtes du calendrier grégorien. Bien entendu, on rencontre des dates classiques comme le dernier jour du mois de mai prochain, le second jour du mois de février, des durées comme "d'huy en un an prochain", mais la grosse côte est tenue par Noël, Saint Michel, Pâques et aussi La Madeleine, Saint André, Saint Antoine (cette dernière portant peut-être une connotation familiale).
En dépit de sa paternité toute récente, François Jallet doutant de sa santé ajuste les détails de sa succession dans son testament du 9 février 1616. "Remettant ses obsèques et funérailles à la disposition de son héritier ou héritière bas nommé sauf qu'il ordonne que faisant icelles le jour de sa sépulture, neuvaine et chef de l'an soient appelées et commises quatre prières ou davantage le plus à ladite discrétion de son héritier ou héritière bas nommé", il destine trois cents livres à Pierre, Jeanne et Marie ses enfants à marier, "audit Pierre l'apprentissage d'un état tel que à icelui plaira d'apprendre jusqu'à un montant de trente livres et si ledit apprentissage excédait ledit prix de trente livres ledit testateur veut que soit par lui payé" "et auxdites Jehanne et Marye Jallet les lègue aussi de plus à une chacune d'elles une robe drap de cadis couleur que leur plaira pour leur être payée lors de leur mariage", rend son augment à sa femme Marie Folchier et cite sa fille Jeanne épouse de Pierre Fustier de Langlade. Il institue son héritière universelle sa fille Françoise femme d'Antoine Charaix (alors qu'il existe au moins un héritier mâle) tout en envisageant la possibilité d'un retour de l'héritage vers sa famille "si ladite Françoise venait à décéder sans enfant naturel et légitime a substitué et substitue audit héritage ladite Jehanne légataire n'étant mariée et si elle était mariée ou décédant audit cas sans enfant naturels et légitimes a substitué audit héritage ledit Pierre et après ledit Pierre décédant en semblable cas substitue audit héritage ladite Marye n'étant aussi mariée ou icelle décédant aux semblables cas que dit estre a substitué audit héritage Mr Jacques Jallet marchand cardeur son frère habitant des Vans pour en faire et disposer à ses volontés le préférant quand à ce auxdites filles n'étant icelles mariées et non autrement". Les pauvres n'attendront pas très longtemps la distribution gratuite du blé seigle promis. En 1618, François Jallet ira rejoindre dans leur tombeau du cimetière des Salelles ses devanciers et prédécesseurs.
En 1617, la camarde fauche d'un seul geste Antoine et Louis Jallet, frères de François. Leur noyade dans le Rhône marque la fin des Jallet du Conchaix.
Le 17 avril 1618 à lieu une réunion de conciliation entre Jacques Jallet, fils de Louis, cardeur des Vans et les époux Charaix héritiers de François Jallet. Jacques Jallet n'a encore rien perçu de ses droits légitimes sur les biens de ses père et mère ni de l'héritage de son frère Louis décédé sans héritier. Louis Jallet père étant mort en 1614, Louis Jallet fils et son frère Antoine en 1617, il semble clair que le François ne les lâchait pas facilement. Le demandeur évalue ses droits maternels à trois cents livres "par moyen de la descente qu'a été faite de celle dudit feu Antoine que fut submergé en la rivière de Rosne avec ledit Louis son frère et après icelui Antoine se trouvant fort endetté lors de son décès ses créanciers firent discuter la légitime d'icelui", ses droits paternels à plus de deux cent cinquante livres "outre que ledit feu autre Louis Jallet son père lors de son mariage aurait perçu une grande somme d'argent que lui fut reconnue par feu Yllaire Sabatier son beau-père et aïeul dudit Jacques aurait icelui fait des acquisition par force légitime pendant son mariage revenant le tout à plus de trois mille livres", la succession de son frère Louis à soixante livres "outre que les fruits desdites légitimes lui sont dus depuis le décès de sondit feu père que sont trois ans ou environ que reviendraient lesdits fruits à plus de vingt livres tous les ans". Il n'oublie pas de signaler que son frère François dans sa grande bonté lui à laissé dix livres par testament. Soit un total supérieur à six cents livres et ma parole j'y perds ! Le compte n'est pas bon ! s'écrient Antoine Charaix et sa femme Françoise. La légitime "dudit feu Antoine Jallet ne doit et ne peut de droit servir à la liquidation des légitimes d'icelui Jacques ni moins à celle dudit feu Louis pour autant que icelle a été mise aux enchères et y avait certains voisins qui par inimitié ou autre considération ont surdit à icelle et icelui voyant que ladite légitime avait été départie du propre domaine dudit François Jallet son beau-père et aux fins que ladite métairie et domaine demeurât en son entier il y aurait surdit à plus de cent livres outre la valeur d'icelle et touches données lui en serait demeuré". Antoine Charaix rappelle que Louis le père avait légué trois cent livres à Jacques dans son testament, que François son beau-père lui gardait soixante livres sur la succession de Louis le fils, qu'il n'est pas "tenu à autre restitution de fruits pour autant que ledit Jacques Jallet depuis le décès dudit feu Louis son père est toujours allé et venu, mange, bois et a eu l'habitude de la maison aussi bien qu'auparavant et y a fait toute sorte de trafic et négoce", soit avec les dix livres du testament un total de trois cent soixante dix livres, et t'as qu'à tendre la main pour les avoir ! Le conciliateur propose à chacune des parties de s'entendre "de son bon gré pur et franc vouloir pour eux et les leurs à l'avenir de tous leursdits différents, question, litige et controverse entre eux au trait de leursdits parents et amis ici présents ont amiablement convenu transigé et accordé comme par vertu et manière de l'à présent contrat transigent conviennent et accordent en la forme et manière que s'ensuit mutuelles valables et réciproques stipulations et acceptation d'un côté et d'autre" sur la somme de quatre cent quinze livres payables très rapidement. C'est exactement ce que je disais ! s'exclament les parties naguère antagonistes, on se tombe dans les bras, on s'embrasse, "Ah mon tonton", "Oh ma Fanchon" et la réconciliation sera sincère et durable puisque certains actes familiaux seront signés dans les maisons successives que Jacques habitera aux Vans et qu'il sera même cité comme témoin du testament d'Antoine en 1640. A la suite de quoi "ledit Jallet s'est démis dévêtu et dépouillé" de ses droits sur l'héritage de Françoise "et en a investi ledit Charays par le bail de ma plume avec promesse de les lui faire avoir valoir tenir jouir posséder entretenir et garantir envers et contre tous qu'il appartiendra et a consenti et consent que ledit Charays prenne ladite possession réelle et actuelle quand bon lui semblera et jusque ce fait confesse le tenir de lui en nom de l'état de précaire et non autrement les posséder et pour mieux observer les choses susdites icelles tenir garder et observer sans jamais en rien y contrevenir lesdites parties respectivement comme les touche et conserve l'un envers l'autre ont obligé tous et chacun leurs biens et par expresse ledit Charaix sa personne propre aux cours de monsieur le sénéchal présidial et conventions royaux de Nîmes royale d'Uzès usage ordinaire des parties chacune d'elle ainsi l'ont promis et juré sur lequel jurement ont renoncé à tout droit et action civil canon et autre par lequel pourrait venir au contraire des choses susdites desquelles chacune partie n'en a demandé instance". Les remboursements ne traînent pas, cent trente deux livres "sur et tant moins et en déduction et diminution de plus grande somme" le 7 mai 1618, septante une livres le 9 juin 1618 aux Vans "boutique de Jehan Sabel écuyer tenue par ledit Jallet", cent livres "en pistoles d'Espagne et d'Italie ducats sols et autre monnaie tous comptés nombrés retirés et emboursés en notre présence" le 6 avril 1619 et cent quinze livres "pour parfait et entier paiement de plus grande somme contenue en certain contrat de transaction jadis passé entre lesdites parties à raison des biens et droits de légitime paternels maternels supplément d'iceux et droit de succession dudit Jacques Jallet sur les biens de ses feus père et mère et de feu Louis Jallet son frère" le 2 mars 1620 ce qui fait quatre cent dix-huit livres !
En complément des cash flows familiaux, il faut trouver de l'argent pour honorer la créance Jallet, payer les dots des filles et maintenir le patrimoine foncier. Le 4 août 1618, Antoine Charaix paye trente livres à Jean Feyssel de Luminières, le 15 juin 1619 c'est soixante livres dont il promet "faire paiement audit d'hui en un an prochain" à Antoine Guas de Seyras et encore vingt livres le 19 juin 1620 au même Guas qui n'a apparemment pas de craintes pour le prêt précédent. C'est la première fois, mais le fait se reproduira, qu'Antoine Charaix est appelé Planiol dans un acte. S'agit-il d'un surnom ou d'une parenté ? L'acte étant passé avant midi, il est peu probable que le vin de clinton ou de jacquet ait provoqué dans les esprits les désordres dont on le sait capable d'autant que nous sommes au mois de juin et qu'il doit commencer à piquer. Ce n'est pourtant que le 23 août 1625 que Jean Guas, délégataire de son frère, reverra ses quatre-vingts livres.
Par décision de justice; Antoine Charaix a hérité d'Antoine Jallet une vigne appelée la Sablone. A cette époque sans cadastre, chaque pièce de terre porte un nom et ses confronts sont définis par les propriétaires voisins, les chemins, les valats. Dans les descriptions, le marin désigne le Sud, l'aure droite (le mistral) le Nord, le levant l'Est, le couchant l'Ouest. Le pied et le chef font référence à la pente du terrain. Le maître du sol, hobereau local, grand seigneur ou congrégation religieuse touche, sur chaque changement de propriétaire, une redevance d'environ un dixième du prix payé, c'est le droit de lodz et vente, successeur moderne de la mainmorte. "Haut et puissant seigneur messire Jacques Grimoard de Bernoye comte du Roure seigneur et baron des baronnies de Barjac, Grijac, Verfuel, Saint Florent, Banne, coseigneur du mandement de Naves et autres plaisirs" ayant eu vent d'un transfert de propriété s'empresse d'exiger son dû le 13 juillet 1620 "et moyennant c'est démis de ladite pièce et en a investi ledit Charays par le bail de ma plume avec promesse de la lui faire valoir et tenir sous ladite directe lui en être d'éviction et garantie devant tous qu'il appartiendra et ledit Charaix promet la tenir sous icelle le reconnaître toutefois et quand que requis en sera payer les droits et devoirs seigneuriaux s'en réserve toute-fois le dit seigneur tous droits de prélation rétention commis avantage arrérages d'autres lodz et censives si point lui en sont dus sur ladite pièce".

La paix d'Alès signée le 27 juin 1629 et le paix de Nîmes du 10 juillet renvoient les troupes huguenotes de Rohan et celles de Louis XIII dans leur foyers. Les habitants soumis au devoir de logement des soldats respirent … la peste s'abat sur Nîmes de septembre 1629 à janvier 1630.

Le 13 juillet 1629 "quittance d'Anthoine Planol Charays du lieu de Conchays paroisse des Salelles" Pierre Fustier de Langlade reçoit cinquante livres d'Antoine Charaix en remboursement d'un emprunt. Il s'agit peut-être du beau-frère d'Antoine et on trouve à nouveau le nom de Planol barré.
Le 7 février 1631, Marie Folchier veuve de François Jallet se sent disposée à rejoindre son époux. Elle lègue trois livres aux pauvres, cinquante livres à son fils Pierre quand il aura vingt cinq ans, cinquante livres à sa fille Marie, quarante livres à sa fille Jeanne femme d'André Audibert de Grays "item a aussi légué et donné par même droit d'institution héréditaire que dessus à Jeanne Jallette aussi sa fille naturelle et légitime femme de Pierre Fustier du lieu de Langlade outre sa dot qu'elle lui a ci-devant constituée au contrat de son mariage la somme de cinq sols et semblable légat fait aussi à tous et chacun autre de sa parentelle qui prétendrait droit sur ses biens et à chacun d'eux qu'est de cinq sols et de tous lesdits légats ladite testatrice fait de tous sesdits légataires vrais héritiers particuliers à la charge de s'en contenter sans rien plus pouvoir demander ni quereller sur ses biens à son héritière bas nommée et d'autant que le chef et fondement de tout testament est de faire instituer un héritier ou héritière à cette cause icelle testatrice en tous et chacun ses autres biens droits noms actions meubles immeubles présents et avenir a fait instituer et nommer de sa propre bouche son héritier universel" sa fille Françoise femme d'Antoine Charaix "disant ladite testatrice que là est son dernier testament nuncupatif et dernière volonté nuncupative et veut que vaille par droit de codicille ou donation à cause de mort ou par tel autre droit que mieux pourra avoir valeur force et efficace cassant annulant et révoquant tout autre précédent testament codicille ou donation à cause de mort par elle ci-devant fait si point y en a".
Le 23 avril 1633, Claude Mombel de Grays, "rentier des rentes et revenus que le sieur Delarque prend en la paroisse des Salelles" reçoit d'Antoine Charaix, créditeur de Louis Jallet des Sabatiers l'impôt sur la terre cultivée, "la censive qu'il doit audit sieur Delarque et ce pour treize années dernières ce montant huit deniers chacune année". Une bonne vieille prescription quinquennale, il faut trente ans à l'époque, aurait fait gagner quelques sous à la famille. Combien a-t-il reçu, en livres, sachant qu'une livre vaut vingt sous et un sou douze deniers ?
Le 10 février 1635, Pierre Meynier fils de feu Estienne de La Pleysse de Malarce reçoit quarante livres d'Antoine Charaix de Conchaix en remboursement de la somme que lui prêta feu Symon Thomas dont Jeanne femme dudit Meynier est la fille et l'héritière "et comme mari d'icelle a réellement reçu dudit Planiol Charays ladite somme".
En 1640 les documents affluent à nouveau. Le 24 novembre, Antoine Charaix emprunte nonante livres à Symon Cade de Palières de Gravières pour acheter à Maurice Borrel des Borrels de Conchaix "une pièce de terre contenant vigne et oliviers sise au terroir dudit Conchays et au dessous le lieu des Moriers appelée Vignelongue autrement le Fourniel qui confronte du pied avec le chemin dit des Salelles à Seyras" pour deux cent vingt trois livres "prix juste et raisonnable de ladite pièce ayant été fait à l'estimation du présent temps". Une loi, destinée par le pouvoir central à protéger les biens fonciers des communautés rurales contre l'appétit concentrateur croissant des seigneurs locaux et les investissements fonciers des bourgeois urbains, laisse au sieur Borrel la possibilité d'annuler la vente "si dans le temps et terme de cinq lundis complets et révolus à compter d'aujourd'hui en hors ledit Borrel rend et paye audit Charays ladite somme avec les légitimes décostements" "icelui Charays sera tenu rendre et retourner audit Borrel ladite pièce sans aucune forme de justice ni figure de procès et le présent contrat sera tenu comme pour non fait ni advenu".
Le 7 décembre 1640 Antoine Charaix qui est "malade de son corps gisant dans son lit et par la grâce de dieu bien sain de mémoire et entendement et considérant que n'y a au monde chose plus assurée que la mort ni chose plus incertaine que l'heure d'icelle lequel se doutant d'en être surpris et pour empêcher que après son décès entre ses enfants, parents et amis ne soient débats, questions, procès et litiges en raison des biens que dieu lui a donné", prend les dispositions suivantes. Il sera enterré aux Salelles, on distribuera un cartal de blé seigle aux pauvres le jour de son enterrement et un autre pour sa neuvaine, chacun de ses enfants Antoine, André, Jean, Jeanne, Marguerite, Marie "comme aussi au posthum ou posthume que pourroyt ou pourroyte être dans le ventre de sadite femme au cas icelle se trouverait en sainte" recevra cent livres quand il aura atteint l'âge de valablement les recevoir ou quand il se mariera. Pour son fils Antoine, il ajoute "quarante cinq livres pour lui être baillées lors et tout incontinent qu'il le voudra employer pour industrie ou apprentissage d'un état si veut et de plus ledit testateur a ordonné que sadite femme soit tenue de tenir ledit Anthoine en tous aux escoles pendant trois ans et lesdits André et Jean jusque à ce qu'ils auront l'usage de savoir lire et écrire pour les servir à l'usage des états qu'ils voudront apprendre" et à ces derniers "veut et ordonne que trente six livres leur soit payées lorsque se mettront en apprentissage d'un état qui leur soit agréable". Il donne cinquante livres à Marie Jallette sa belle-sœur à ajouter à ses droits légitimes et nomme sa femme son héritière universelle "à la charge de pouvoir jouir dudit héritage pendant sa vie et de remettre icelui conjointement avec le sien à tel de leurs enfants légataires surnommés que bon lui semblera" et "entend qu'elle ne soit tenue d'en rendre jamais aucun compte à personne quiconque pourvu qu'elle ne se remarie point car si elle était recherchée par celui qui sera élu héritier de rendre aucun compte des fruits qu'elle aura perçu dés à présent lui lège et donne par légat tous lesdits fruits de ses biens mais au contraire si elle vient à se remarier veut que soit tenue d'en rendre compte des fruits qu'elle pourra avoir pris et perçus si a" "d'autant que ses biens sont joints et unis avec ceux de sadite femme et que ses entrées sont en arrentements tenures et propriétés prix et primes toutes sortes défiantes de procéder aucun compte de portion d'inventaire de sesdits biens s'en contient à la prudence de sadite femme et au cas icelle de son propre mouvement y voudrait faire procéder dés à présent ledit testateur à commis et commet l'a présent notaire royal sous requis pour y procéder attestant deux de ses amis parents et voisins quand y voudra commettre". Jacques Jallet est témoin. André Charaix, son aîné Antoine disparu, recueillera l'héritage familial. Quant à Jean, il est peut-être l'un des nombreux Jean Charaix dont j'ai relevé les actes aux Assions, au Pradal, aux Avols et ailleurs.
Si la santé d'Antoine Charaix est inquiétante - il meurt en 1641 - la santé économique de la famille est prospère et Françoise Jallet, seule, en sera l'énergique gérante.

Le pauvre Louis XIII, grand d'avoir su se faire petit, disparaît laissant la place au plus long règne de l'histoire de France qui commence, il est vrai, par une sacrée chienlit. La Fronde des grands revendique tous les plaisirs que l'évêque de Luçon leur avait quelque peu gâtés : oppression en tout genre, rapines, viols, destructions de récoltes. Ce n'est pas le moindre mérite de Louis XIV dit le grand que d'avoir enfermé tous ces pillards paillards dans les puantes turpitudes de son guignol versaillais. .../...