Barbe-Bleue

 

Thérouanne est, en Vendée, une commune du canton de Mortagne sur Sèvre et de l'arrondissement de La Roche sur Yon (environ 1 300 habitants).
Altitude 75 m.
Latitude 47°00' Nord - Longitude 1°11' Ouest

Le 26 octobre 1440, Gilles de Rais, compagnon de Jeanne, maréchal de France et tueur en série pédophile, est pendu puis brûlé à Nantes.

Gilles de Rais 1 : le compagnon de Jeanne
Né en 1403 au château de Champtocé, de Guy de Laval et de Marie de Craon, il se retrouve très jeune (son père meurt à Azincourt) à la tête d'un riche domaine. Élevé par son grand-père Jean de Craon, il se marie à 16 ans avec Catherine de Thouars. Il participe à la guerre de succession de Bretagne en 1420 puis contre les Anglais en 1427. Alors qu'il mène une vie de grand seigneur dépravé (il aime les jeunes garçons), il est appelé à la cour du Dauphin Charles VII à Chinon par Georges de la Trémoille, connétable de France et ami de son grand-père. Il a vingt-six ans. Trapu et de petite taille, il possède une belle barbe noire (avec des reflets bleus !). C'est là qu'il tombe sous le charme de Jeanne d'Arc. Il est avec elle, le 8 juin 1429 à Orléans. Pour le sacre à Reims, le 17 juin, il est à gauche du Roi et Jeanne à droite. Il reçoit le titre de maréchal de France et des lys dans son blason. Après l'échec devant Paris, Jeanne continue seule et, le 30 mai 1431, il apprend qu'elle a été brûlée à Rouen. Son grand-père meurt le 15 novembre 1432.

Gilles de Rais 2 : le seigneur monstrueux
Dés lors, il mène une vie si fastueuse que ses héritiers inquiets le font mettre sous tutelle en 1435 par le roi de France. Il n'en vend pas moins une partie de ses terres à Jean V, duc de Bretagne. Pour fabriquer l'or qu'il dépense sans compter, il prend à son service François Prelati, alchimiste florentin de vingt-deux ans. Parallèlement, pendant des années, ses rabatteurs Henriet et Poitou parcourent le pays à la recherche de jeunes gens de huit à douze ans, mâles de préférence, dont il fait grande consommation. Les corps torturés, utilisés, décapités sont brûlés (les fumées grasses de Tiffauges noircissent la région) ou enterrés (les caves du château sont remplies d'ossements). En 1440, il est presque ruiné, les victimes se comptent par centaines quand il commet une erreur. Le lundi de Pentecôte, mécontent du comportement de Geoffroy Le Féron, il s'empare avec soixante cavaliers du château de Saint Étienne de Mer Morte qu'il lui a vendu. Ne le trouvant pas, il enlève, pendant la messe, son frère, le moine Jean Le Féron.

Gilles de Rais 3 : le procès
Ce n'est pas pour ses crimes, ce n'est pas pour ses dettes, ce n'est pas pour son mépris de la tutelle décidée par le roi de France, mais pour, sacrilège impardonnable, avoir troublé la sainte messe que le grand seigneur est convoqué à la cour du duc de Bretagne à Josselin où il est condamné à une amende au dessus de ses moyens. Jean de Malestroit, évêque de Nantes, lance contre lui une procédure de "diffamation" par laquelle les fidèles doivent témoigner de ce qu'ils savent sous peine d'excommunication. Peu à peu, les langues se délient, les horreurs s'accumulent. Le 13 septembre, l'évêque cite Gilles de Rais à son tribunal.
Le 15 septembre 1440, Jean Labbé, au nom du duc de Bretagne, se présente devant le château de Machecoul, le plus puissant des châteaux de Gilles de Rais, et déclare :
"Nous, Jean Labbé, capitaine d'armes, agissant au nom de monseigneur Jean V, duc de Bretagne et de monseigneur Jean de Malestroit, évêque de Nantes, enjoignons à Gilles, comte de Brienne, seigneur de Laval, de Pouzauges, Tiffauges, Machecoul, Champtocé et autres lieux, maréchal de France et lieutenant général de Bretagne, de se constituer prisonnier pour avoir à répondre devant les juridictions religieuses et civiles de la triple inculpation de sorcellerie, d'assassinat et de sodomie". Contre toute attente, Gilles de Rais se rend, ses complices sont arrêtés. le 19 septembre, il est jugé pour son sacrilège suivant les règles de l'Inquisition. Le 13 octobre est lu l'acte d'accusation (qui déborde largement la faute de Pentecôte) :
Article XV - Item, attendu ce que d'abord rapportait la rumeur publique, puis l'enquête secrète menée par le seigneur évêque de Nantes, mais attendu aussi les dénonciations assurant que le dit Gilles de Rais avait immolé les corps d'enfants aux démons de manière damnable, qu'aux dires de plusieurs autres, le dit Gilles de Rais avait évoqué les démons et les malins esprits et sacrifié à ceux-ci, et qu'avec les dits enfants tant garçons que filles, Gilles avait horriblement commis le péché de sodomie, dédaignant avec les filles le vase naturel, parfois pendant qu'ils vivaient, parfois après leur mort, parfois pendant qu'ils mouraient, l'accusateur déclare et entend prouver que le susdit Gilles de Rais, imbu du malin esprit et oubliant son salut, a commis et perpétré ce qui est exposé ci-dessus et ci-dessous depuis huit années, toutes les années, tous les mois, tous les jours, toutes les nuits de ces huit années.
Article XVI - Item que le susdit Gilles de Rais, il y a cinq ans, en une salle basse de son château de Tiffauges, fit tracer plusieurs signes, figures et caractères par certain Maître François Prelati, Italien de nation, se disant expert dans l'art interdit de géomancie.
Article XXVII - Item qu'à Nantes dans la maison nommée "La Suze", située dans la paroisse Notre-Dame, dans une certaine chambre haute où il avait pris l'habitude de se retirer pour passer la nuit, il tua cent quarante enfants de traîtreuse, de cruelle et inhumaine façon...
Article XXXVI - Item qu'il y a environ cinq ans passés, le seigneur de Bretagne, devant se rendre dans le château de Champtocé, le susdit Gilles de Rais fit transporter par ses complices Henriet et Poitou, pour y être brûlés - de peur que le seigneur duc et ses gens ne les trouvassent - quarante-cinq têtes, avec les ossements, d'innocents enfants inhumainement tués, avec lesquels il avait détestablement commis le péché de sodomie et autres crimes contre nature ...
Gilles de Rais 4 : la punition
Le 22 octobre 1440 ont lieu les aveux publics :
' J'ai, pour mon ardeur et délectation sensuelles, pris et fait prendre un si grand nombre d'enfants que je ne saurais en préciser avec certitude le nombre. Je les ai tués et j'ai commis avec eux le péché de sodomie, tant avant qu'après leur mort, mais aussi durant leur mort."
Il détaille alors ses crimes. La confession, conservée à la bibliothèque municipale de Nantes, est impubliable par son horreur.
Le 26 octobre 1440 à Nantes vers 11 heures, Gilles de Rais, auteur de plus d'un millier d'assassinats d'enfants, se confie à Saint jacques et Saint Michel avant d'être pendu puis brûlé avec ses complices.
Ses restes, cérémonieusement récupérés par son épouse, furent enterrés à Nantes, dans l'église des Carmes, avec ceux des dignitaires de Bretagne ! ... Et disparurent, avec les autres, à la Révolution.
La bataille de Tiffauges
Le 19 septembre 1793, l'armée républicaine de Jean Baptiste Kléber, fils de terrassier strasbourgeois, renforcée par les Mayençais (privés pendant un an de front de l'Est en échange de leur liberté) rencontre la Grande Armée Catholique et Royale de Monsieur de Charette.
À 9 heures, menacés d'encerclement près de Torfou, les royalistes battent en retraite mais les femmes les ramènent au combat à coup de fourches. D'Elbée et Bonchamps submergent le plateau de Torfou. Kléber, blessé, parvient à effectuer une retraite en bon ordre.