La clairière de l'Armistice

 

Rethondes est, dans l'Oise, une commune du canton d'Attichy et de l'arrondissement de Compiègne (environ 670 habitants).
Altitude 38 m.
Latitude 49°18' Nord
Longitude 2°50' Est

Le 11 novembre 1918 à Rethondes, un armistice est conclu entre la France et ses Alliés, et l'Allemagne, dernière des puissances centrales à rendre les armes.

Le contexte
Avec l'échec de leur contre-offensive de juillet 1918, l'entrée en scène des Etats Unis (Offensive Pershing sur Saint Mihiel du 12 septembre 1918) et la capitulation de ses alliés turcs, bulgares et austro-hongrois, les Allemands n'ont plus aucun espoir de victoire.
Le 29 septembre, Les Bulgares, bousculés par l'armée de Louis Franchet d'Esperey, signent un armistice.
Le 3 octobre, l'empereur Guillaume II nomme chancelier un modéré, le prince Max de Bade.
Le 4 octobre, l'Allemagne adresse une demande de négociation aux Etats-Unis.
Le 26 octobre, Guillaume II, obtient la démission de Erich Ludendorff, chef des armées allemande.
Le 28 octobre, les Tchèques se séparent de l'Autriche-Hongrie.
Le 30 octobre, les Turcs signent à Moudros un armistice avec les Britanniques.
Le 1er novembre, les Hongrois se séparent de l'Autriche.
Le 3 novembre, des marins se mutinent à Kiel.
Le 3 novembre à Villa Giusti, l'Autriche signe un armistice avec l'Italie.
Le 7 novembre à Munich, le roi de Bavière est déposé.
Le 9 novembre, émeutes spartakistes à Berlin (Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg). Guillaume II abdique et part en exil aux Pays-Bas. Max de Bade cède la chancellerie au social-démocrate Friedrich Ebert. Philipp Scheidemann, proclame la République.

L'armistice de 1918
Le 7 novembre à midi, des négociateurs allemands venus de Spa ont franchi les lignes françaises et sont arrivés à Rethondes (via La Capelle en Thiérache). Le maréchal Foch leur a signifié ses conditions et demandé une réponse pour le 11 novembre.
En France, le président de la République, Raymond Poincaré, et le général Philippe Pétain voudraient envahir l'Allemagne. Le généralissime, Ferdinand Foch, et le chef du gouvernement, Georges Clemenceau, ne croient pas l'armée française capable de se battre encore longtemps. Ils craignent aussi que l'Allemagne ne devienne comme la Russie la proie des révolutionnaires marxistes.
Le 11 novembre 1918, la délégation allemande est conduite par le secrétaire d'état Matthias Erzberger (assassiné par les nationalistes le 26 août 1921). Elle est composée de Monsieur l'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire comte Von Oberndorff, Monsieur le général major Von Winterfeldt et Monsieur le capitaine de vaisseau Vanselow. Lui font face, dans le wagon, l'amiral Sir Rosslyn Wemyss, first lord of the sea, et le maréchal Ferdinand Foch commandant en chef des armées alliées. Le général Maxime Weygand donne lecture des 34 articles du texte. Aucune marge de négociation n'est laissée aux Allemands qui se voient imposer la livraison de 5 000 canons, 25 000 mitrailleuses, 1 700 avions, de leurs sous-marins et de leur flotte de guerre (qui se sabordera dans la rade britannique de Scapa Flow).
L'armée allemande est sommée d'évacuer sous quinze jours les territoires envahis ainsi que l'Alsace-Lorraine, et sous 30 jours la rive gauche du Rhin et trois têtes de pont sur la rive droite, Coblence, Cologne et Mayence.
L'armistice conclu pour 36 jours est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre 1918 (jour de la Saint Martin) à 5 h 15 du matin. Il sera régulièrement renouvelé jusqu'au traité de paix de Versailles du 28 juin 1919.
A 10 h 50, l'agent de liaison Auguste Trébuchon de la 163éme division d'infanterie est tué par une balle.
Le 11 novembre 1918 à 11 heures, dans toute la France, les cloches sonnent à la volée. Au front, après cinquante et un mois de guerre, les clairons sonnent le "Cessez le feu". Il laisse huit millions de morts et six millions de mutilés.

Les conséquences
À Berlin, Ludendorff et Hindenburg estiment que les militaires n'ont pas été vaincus et que l'armistice est une trahison des politiciens et des bourgeois cosmopolites. Le parti nazi ultra nationaliste récoltera les fruits de ces rancoeurs.
Le 22 juin 1940, désireux de laver l'humiliation de 1918, Hitler exige de signer à Rethondes, dans le wagon historique de l'armistice du 11 novembre 1918, l'armistice entre le IIIème Reich allemand et le gouvernement français de Philippe Pétain.
Le chancelier Adolf Hitler s'assoit à la place où s'était tenu le maréchal Foch. Il est entouré du maréchal Hermann Goering, du ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop, du maréchal Wilhelm Keitel et du général Alfred Jodl (qui signera à Reims, cinq ans plus tard, la capitulation de son pays). Le maréchal Keitel présente un texte en 24 articles qui est signé à 18 h 36, heure d'été allemande, par
"M. le Colonel Général Keitel, Chef du Haut Commandement allemand, mandaté par le Führer du Reich allemand et commandant suprême des forces armées allemandes, d'une part, et M. le Général d'Armée Huntziger, M. Léon Noël, Ambassadeur de France, M. le Vice-Amiral Le Luc, M. le Général de Corps d'Armée Parizot, M. le Général de l'Air Bergeret, Plénipotentiaires du Gouvernement français munis de pouvoirs réguliers, d'autre part".
La sonnerie du "Cessez le feu" résonne le 25 juin à 0 h 35. Il n'y aura jamais de traité de Paix.

Notes
Le 10 novembre 1920 à Verdun, le soldat Auguste Thin choisit, parmi plusieurs cercueils, l'inconnu qui sera inhumé sous la voûte de l'Arc de Triomphe, le 28 janvier 1921.
Le 24 octobre 1922, le Parlement déclare le 11 novembre fête nationale.
Emmené en Allemagne en 1940 pour y être exposé, le wagon est incendié par des SS en 1945.