On connaît la chanson

 

Paladru est, dans l'Isère, une commune du canton de Saint Geoire en Valdaine et de l'arrondissement de La Tour du Pin (environ 870 habitants).
Altitude 500 m.
Latitude 45°28' Nord - Longitude 5°33' Est

Vers l'an 1008, des hommes, chevaliers par les moeurs et paysans par le mode de vie, ont occupé pendant 30 ans les rives du lac de Paladru puis les ont quitté devant la montée des eaux.

Les lieux
Au pied de la Chartreuse, le lac de Paladru a été creusé à l'époque glaciaire par le glacier du Rhône. Il mesure 6 km de long sur 1,2 km de large (superficie 390 ha) pour une profondeur maximum de 33 m. C'est le 5ème lac naturel de France.
Ses rives ont accueilli un habitat néolithique (le site des Baigneurs) vers 2700 avJC. Des traces d'occupations médiévales recouvertes par les eaux ont été signalées dès la fin du XIXème siècle et quelques fouilles (destructrice) ont été faites mais c'est à partir de 1972 que des fouilles subaquatiques rigoureuses ont commencé. Les trois habitats submergés par les eaux du lac et couverts par une roselière  sont situés sur des presqu'îles de craie lacustre.

Les faits
Vers la fin du XIème siècle les eaux du lac de Paladru sont basses. Autour de presqu'îles faciles à défendre s'étendent de larges espaces forestiers et des prairies humides. Conséquence de l'essor démographique de l'an Mil, trois villages naissent sur les rives du lac : celui des Grands Roseaux à Montferrat Paladru (le plus grand) , celui de la Colletière à Charavines (le plus étudié) et celui du pré d'Ars au Pin (plus petit). Les caractéristiques architecturales, sociales et culturelles communes aux trois habitats montrent qu'il s'agit d'une colonisation agraire concertée.
Les villages, édifiés sur la terre ferme, sont entourés par une palissade en bois. Les constructions ont une robuste armature de chêne ou de hêtre, des murs de clayonnage et un toit de chaume. Autour d'une vaste cheminée centrale se répartissent les pièces d'habitation, une étable-bergerie, des réserves pour les récoltes et des ateliers.
L'activité paysanne est attestée par des jardins (pois, chanvre, lin) et des vergers (cerises, prunes, noix, noisettes) et de vastes espaces gagnés sur la forêt pour le pâturage des animaux domestiques (moutons, chèvres, boeufs, chevaux) et les cultures (seigle, blé, orge, avoine). Le lac fournissait du poisson et la forêt des glands et faines pour les porcs.
L'alimentation est à base de céréales, de viande bouillie, fumée, salée ou confite, et de poisson
Les objets de la vie quotidienne (cuillères, plats tournés, rabots, quenouilles, fuseaux) sont fabriqués sur place. On pratique le travail du bois (bâtiment, tonnellerie, ustensiles de cuisine), du cuir (vêtement et chaussures), le tissage (laine et chanvre) et la métallurgie (du clou aux fers de haches).
Chaque famille, en plus de ses activités domestiques, agricoles et artisanale, a un rôle militaire. À côté des prévisibles arbalètes, arcs et javelots, on trouve un armement militaire complet (lances à ailerons, belle hache d'arme, fragments d'épées, équipements de chevaux, cottes de maille et plaques de fer) qui attestent d'une condition d'homme libre et même d'une appartenance à la catégorie sociale des chevaliers.
Sur le plan culturel, la présence d'instruments de musique simples (cornes, sifflets, flûtes) ou plus perfectionnés (tambourins, cornemuses, instruments à anche, harpe, vielle), de jeux de société (pièces d'échec ou de trictrac, dés), de parures (broches, pendentifs, bagues, émaux) confirme le niveau de vie élevé des habitants.
Vers 1040, les eaux recouvrent les villages abandonnées mais le terroir  continue à être exploité.

Note
La légende de la ville d'Ars engloutie a guidé les premiers chercheurs qui pensaient avoir affaire à un habitat lacustre.