Pots de terre

 

La Graufesenque est un quartier de la commune de Millau chef lieu d'arrondissement de l'Aveyron (environ 21 300 habitants).
Altitude 324 m.
Latitude 44°06' Nord - Longitude 3°05' Est

Au 1er siècle de notre ère, les potiers de la Graufesenque près de Millau produisent une céramique sigillée célèbre dans tout le monde romain.

Les lieux
La Graufesenque, près de Millau (Condatomagus au pays des Rutènes), est une petite plaine alluviale sur la rive gauche de la Dourbie près de son confluent avec le Tarn. Le site fut occupé du IIème siècle avJC au III siècle de notre ère  mais les 600 ateliers et "entrepôts" retrouvés datent pour la plupart du 1er siècle. Comme en Grèce (Samos, Mégare) et en Italie (Pouzzoles, Arezzo) on produisait ici une vaisselle de terre cuite décorée de reliefs moulés (production de semi-luxe appelée "terra sigillata" - argile décorée et signée) mais aussi une céramique lisse simplement montée au tour.

Les techniques
À proximité du site, la décomposition naturelle des marnes du Domérien (jurassique inférieur) fournit une argile très fine de couleur grise. C'est un silicate d'alumine à fort pourcentage de calcium contenant du fer, du potassium et du manganèse. Tous les vases sigillés étaient enduits, avant cuisson, d'une fine pellicule d'argile très pure (engobe). C'est la vitrification de cet engobe qui donne aux céramiques leur imperméabilité et un aspect brillant.
Il fallait plusieurs jours de chauffe et des dizaines de stères de bois pour porter à 950° minimum la température interne d'un four contenant plusieurs milliers de vases d'autant que la présence d'oxygène est aussi indispensable que l'absence de flammes et de fumées. Les ratés n'étaient pas rares (l'empilement des déchets peut atteindre 3 m d'épaisseur).

Inventaire
C'est Joseph Déchelette et l'abbé F. Hermet qui entreprirent au début du XXème siècle l'étude de la petite plaine agricole qui regorgeait de tessons.
La vaisselle lisse comprend une quarantaine de types parmi lesquels des formes de tradition italique et des formes nouvelles créées en Gaule. Après 60, se développe la mode de simples feuilles à la barbotine décorant la lèvre ou la panse des vases.
La vaisselle ornée comprend une vingtaine de types qui se distinguent, par leur forme et leur décoration, des modèles italiens. Trois formes prédominent : les coupes carénées, les coupes cylindriques et, après 60, les coupes hémisphériques. Plus rares sont les calices, les lagènes, les gourdes et les potiches ou gobelets.
On trouve plus de deux mille motifs de décoration différents : personnages de la mythologie gréco-latine, gladiateurs, animaux exotiques ou familiers et une grande diversité de végétaux plus ou moins stylisés.
Presque tous les vases portaient une estampille à l'intérieur. On a reconnu près de 600 fabricants : latins (Iucundus, Hilarus, Severus, Albinus ...), gaulois (Anextlatus, Cervesa, Cintusmus, Litugenus ...), ou grecs (Callistus, Diogenus, Melanius ...). Quelques affranchis se reconnaissent aux trois noms que leur autorise la citoyenneté romaine (Quintus Iulius Habitus, Caius Iulius Sabinus ...).