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Préface
Table des Matières

 
 

 

Fin d'épreuve

Elle ne disposait que d'un espace restreint pour se mouvoir.

Julien devait ignorer ce que je ne dirais jamais à Mutin. A savoir que ce dernier était mon amant quand il me pénétra sur le canapé de mon salon.
J'entretenais une relation avec Mutin pour la seconde fois. Au premier regard échangé au lycée, chacun avait su quoi attendre de la jeunesse de l'autre. Bien des années avaient défilé avant nos retrouvailles, scellées peu de temps après le mariage de Julien et Marie... en fait, le soir même de la cérémonie. Aucun de nous deux n'était assez fou pour miser sur la réussite d'une entreprise qui devait pourtant résister à cinq mois d'alternance librement acceptée de déconvenues et d'embellies. Nous n'étions pas assez fiers pour nous exhiber. Il venait parfois chez moi. J'allais souvent chez lui. Les heures de rendez-vous étaient déjà indécentes. Sa perversité s'épanouissait dans la mise en scène de ses fantasmes. Plus encore dans sa volonté de domination et sa capacité à retarder ses assauts. Il cédait toujours à la tentation. Il me désirait violemment, me frappait quelquefois. Il m'aimait à sa manière. Quant à moi, je le trouvais exceptionnellement doué. J'étais capable de l'accompagner dans ses délires et d'innover. Après les combinaisons tumultueuses, je rentrais chez moi sereine et renouvelée. Au fond, je le prenais pour ce qu'il était : un analgésique. Le harcèlement mental n'avait aucune prise sur moi. Ses trahisons multiples avec d'autres partenaires ne me dérangeaient pas. Ce qui nous éloigna aurait pu être la crainte du jugement... ce fut la prise de conscience soudaine que nous ne pouvions continuer à vivre dans la satisfaction constante de nos désirs.

Clair de lune

Faux Frère ! Mon Faux Frère à moi !
Ton sang indispose mes reins.
Ose l'avouer ! Démens-moi :
"Quand ai-je servi ton dessein ?"

La réparation serait coûteuse pour la peine et la colère et l'abattement. Bandant ses muscles dans l'obscurité, Gorbuth songeait à son père qui n'aurait jamais dû se démettre de sa charge. Lui n'avait pas su préserver son frère de la déraison. Il courut vomir l'humiliation dans le lavabo de la salle de bains puis revint à tâtons dans la chambre. Un corbeau agita ses ailes dans les ténèbres, ressuscitant le cauchemar qui l'avait poursuivi à la mort de son père. Il se gifla pour reprendre courage et le tremblement du masque cessa net. Il se glissa dans le vestibule. La Chambre Rose était contiguë à la sienne. La porte céda sans résistance. Sanctis serrait le dernier cran de la ceinture de son pantalon trop large. Gorbuth enclencha le verrou puis pivota lentement. Son regard monta des pieds à la tête. Les mocassins usés... le corps décharné... les épaules tombantes... les joues cramoisies... la chevelure dorée de pâtre grec... Sanctis s'était adossé à la table de chevet. Gorbuth le poussa sur le lit et coinça sa tête contre l'oreiller. Il tira le pantalon et le slip sur les jambes de grenouille, les contempla un court instant avant de déboutonner son pantalon. (.../...)