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Préface
Table des Matières

 
 

 

Rose-Neige et Rouge-Rose

 

Exception dans sa famille, Malika était née en France. Elle avait avoué sa tendresse à Cécile dans les vestiaires du gymnase du collège et l'avait rassurée par des gestes maîtrisés et son indulgence infinie. "Je suis la première à t'embrasser ?
- Tu es le premier tout court."
Malika l'emmena chez elle. Cécile s'imprégna de la lourde atmosphère de la chambre avant que Malika ne guidât les doigts malhabiles sur ses seins menus.
Toutes deux avaient gardé le silence. Cécile tendit son visage. "Tu as déjà eu envie de coucher avec un garçon ?
- Vilaine bête ! Mes frères me tueraient si je n'attendais pas le mariage."
Elle déposa un baiser sur la bouche de Cécile. "Et toi, tu en as envie ?" Cécile s'allongea sur le ventre pour attraper les lunettes posées sur la table de nuit. "Je ne les aime pas. Ils se moquent de moi.
- Ne dis pas de bêtises. Tu ne sais rien des garçons."
Le cœur de Cécile se retourna dans sa poitrine. "C'est toi que j'aime... mais s'il faut te prouver... qu'il n'y en a pas un pour sentir aussi bon que toi, j'apprendrai !" A son tour, elle goûta l'élixir du bonheur sur les lèvres vermeilles et en emporta avec elle le souvenir poivré, bien loin d'imaginer le départ imminent de Malika en un aller simple pour la Tunisie.

Liberté de conscience

Je te nomme Faux Frère,
Phénix de mes angoisses,
Prêt à donner la chasse
A ce qui te dessert.

Sanctis n'échappa pas à la vigilance de Gorbuth. "Ne te mets pas dans un tel état. Tout s'arrangera, tu verras." Sanctis s'indigna intérieurement que le même sang coulât dans leurs veines. "Je suis triste pour Julien." Gorbuth regimba : "C'est un coriace.
- Où est-il maintenant ?"
Le désœuvrement les avait amenés dans le Petit Salon pour mieux les torturer. Massacra les salua avant de monter se coucher. A peine fut-il sorti que Gorbuth bougonna : "Il dort beaucoup et il parle peu !" Il s'irrita du regard flottant de Sanctis qui avait enroulé une boucle de cheveux sur son index. "Pourquoi ne me parles-tu jamais ?
- Peut-être que le silence est meilleur ?
- Ne sois pas bête. J'ai l'impression de t'emmerder. Ce n'est pas normal, je suis ton frère.
- Ce qui n'est pas normal, c'est la façon dont tu m'étouffes depuis que je suis en âge de comprendre."
Gorbuth répéta à mi-voix : la façon dont tu m'étouffes. Sanctis regrettait déjà l'envolée verbale. "Je veux dire que tu n'as pas à agir en père. Tu es mon frère et c'est aussi important." Les muscles faciaux de Gorbuth se crispèrent. "Qu'est-ce que tu fous ici ? Je ne t'ai pas forcé à me suivre." La conversation amorçait la phase descendante appréhendée. "Ne t'énerve pas. Je veux seulement dire que j'aimerais plus de liberté.
- Mais de quelle liberté parles-tu ? Tu as la tienne et la mienne par dessus le marché !"
Baissant les paupières, Sanctis traversa le miroir. (.../...)