L'apogée : (: ascendant - : oncle - : cousin)
Les descendants d'André Charaix propriétaires au Conchaix des Salelles (1715 - 1762)

Le roi soleil meurt le premier septembre 1715, maigre et édenté, vautré dans la débâcle de ses viscères et la puanteur de ses membres gangrenés. Le rayonnement artistique et intellectuel de Versailles ne peut cacher l'atroce misère et l'insupportable dénuement du peuple écrasé par la fiscalité. Point final de soixante-douze ans de règne, le traité d'Utrecht laisse une France affaiblie par des guerres dont le plus imprévu résultat est d'avoir donné à l'Angleterre le statut de grand pays européen. La régence de Philippe d'Orléans n'est pas sans rappeler l'après-gaullisme et ses concussions, magouilles, copinages, spéculations et délits d'initiés.

Le 13 mai 1716 André Charaix fils légitime de feu Louis et de Jeanne Bourbal des Sabatiers signe contrat de mariage avec Demoiselle Marianne Gigord fille d'Antoine et de feue demoiselle Marie Pertus du lieu du Vignal paroisse de Chambonas "procédant ledit Sr Charraix du consentement de sadite mère de Sr André Charraix son aïeul de Me Antoine Charraix prêtre et curé de Berrias et de Sr Antoine Tastavin du lieu de Claux ses oncles et ladite Demoiselle Gigord de celui de sondit père" "en faveur duquel mariage ladite Demoiselle Gigord se constitue envers ledit Charraix elle-même et en tous et chacun ses biens présents et avenir à effet d'en pouvoir jouir faire et disposer comme et tout ainsi qu'un vrai mari le peut des biens doctaux de sa femme". Voilà de bien alléchantes promesses. Antoine Gigord constitue à sa fille une dot de mille cinq cents livres pour ses droits paternels et maternels dont sept cents sont versées immédiatement et le reste en trois versements égaux et annuels à partir de ce jour. Les quatre tuteurs d'André Charaix "ayant le présent mariage pour agréable" lui remettent en propriété et usufruit l'entier héritage de son père avec ses charges conformément à sa dernière disposition du 10 mai 1702 ; sa mère, par donation d'entre vif lui laisse tous ses biens "sous largesse de la somme de cent vingt livres de pension viagère que sondit fils se charge de lui payer annuellement de trois en trois mois par avance" ;  le grand père André remet lui aussi tous ses biens à son petit fils sans autre réserve que de l'entretenir selon son état et facultés de ses biens lui laissant la charge de payer les dettes et legs faits dans son testament et de faire les titres cléricaux de ses frères Hilaire et Louis. André est propriétaire de tous les biens des Charaix des Salelles. Dans la maison des Sabatiers une date gravée en 1717 conserve peut être le souvenir de l'installation des nouveaux mariés.
Antoine Charaix, fils d'André et Marianne Gigord, est baptisé aux Salelles le 1er octobre 1719, Louis Antoine le 18 août 1722, François le 25 septembre 1724, Louis le 4 février 1727, Marie Elisabeth le 6 octobre 1729, Jeanne Rose le 18 décembre 1731, Marguerite le 24 septembre 1732, Jeanne Claire le 15 mars 1735, Marie Rose le 15 mai 1738, Marianne le 26 juillet 1741 (son frère et parrain Louis meurt le lendemain et elle le 3 mars 1742, les fées ne s'étaient pas penchées sur leur berceau), Marianne Félicité le 13 février 1744. Vingt-cinq ans de procréation, onze enfants, la jeune génération danse certes sur des musiques de sauvages mais la demoiselle Gigord a de la religion et son époux ne mollit pas. Le double prénom qui fait ici une entrée en force semble être plus une habitude de classe sociale que le phénomène de société que nous constaterons au siècle suivant. Il est néanmoins étonnant qu'aucun des enfants d'André ne porte son prénom (et celui de l'arrière-grand-père qui a pourtant vu naître les trois premiers).
Louis, diacre en 1727 est en 1732 vicaire de Montréal (près d'Aubenas).
Le 9 septembre 1722 François Gigord du Vignal épouse Hélène Charaix du Conchaix.
"Le dixième avril mil sept cent vingt cinq a été enterré par moy curé soussigné André Charaix agé de quatre vingt douze années. Ont assisté au convoi ses proches parents et amis.". Laconique épitaphe pour le patriarche.
Le 21 mai 1726 Jacques Charaix, fils d'André du Conchaix, épouse Jeanne Michelle veuve de Jean Planiol. Nous n'avions plus de nouvelles de Jacques depuis son apprentissage. Nous le retrouverons une dernière fois le 3 mars 1755 pour son dernier voyage.

Que nos âmes démocrates, trempées au fil des siècles par les humiliations et les injustices des privilégiés, résistent aux appels flatteurs de la démoniaque sirène au sang bleu ! Les enfants d'André vont faire de "beaux" mariages.
Le 16 février 1751 Paul Barrot notaire royal, fils de Georges bachelier en droit et lieutenant de juge au mandement de La Baume et Lafigère et Marie Gévaudan, de Beaujeau de Lafigère, épouse Elisabeth Charaix fille de Sieur André et Demoiselle Marianne Gigord.
Le 28 novembre 1751 Sieur Louis Antoine Charaix, fils d'André coseigneur du Conchaix et de Marianne Gigord, épouse Demoiselle Marie de Labaume de Casteljau fille de feu noble François de Labaume seigneur de Casteljau et de Dame Jeanne Baissac. Leurs enfants Marie Victoire, François Joseph, Scipion Hercule, Pierre Alexandre, François Clément, Rose Henriette consacrent la disparition des prénoms familiaux. Avec un score de six enfants en dix ans, on peut penser que la Demoiselle laissait la gestion anticonceptionnelle au bon dieu. Le château de Casteljau élève, aujourd'hui encore, ses deux tours façon pigeonnier près de Mazet-plage dans le VVF dont il abrite les locaux administratifs.
Le 24 octobre 1752 a lieu le mariage de Jean Sautel du Cros de Saint Genest de Bauzon avec demoiselle Marguerite Charaix des Sabatiers. Le 23 avril 1760 Jacques Chalmeton de Montachard épouse Jeanne Rose Charaix d'André et Marianne Gigord.
Le 1 janvier 1762 Louis Antoine Charaix, propriétaire riche et considéré, quitte la scène à l'âge de quarante ans. Le Charaix est fragile et la réussite sociale lourde à porter.

Les descendants de Louis Antoine interviendront, avec plus ou moins de bonheur, pendant la révolution mais ceci n'est plus notre histoire. .../...