Avertissement

Le compoix de
1661 associe à
deux habitants du mandement la qualité de « Régent ». Le premier est
Jacques Deleuze des Salles, propriétaire de la forge, du martinet et du
moulin du Martinet des Salles, le second est Simon Boniol de Reboul. Si
la fonction du premier est résolument industrielle, il est possible que
le second soit un « Régent d'escole » mais j'ignore s'il exerçait son
activité dans le mandement.
L'article
qui suit n'est pas le résultat d'une recherche historique mais une
simple refonte des notes du frère mariste Jules Victorin Mathieu et de
celles d'André Thomas.
État des lieux

D'après André Thomas, la
première école de la commune de Castillon est ouverte en
1825
à Foussignargues et dirigée par M. Teissier de Langogne. Elle recrute
de Chavagnac aux Combes des élèves qui paient le service rendu. En
1834,
cela représente par mois : un franc pour la lecture, un franc cinquante
pour l'écriture, et deux francs pour l'arithmétique en plus.

Les notes du frère Jules Victorin Mathieu
concernent essentiellement les Frères Maristes des Écoles ce qui ne
signifie pas qu'elles laissent de côté les écoles communales publiques.
En effet, entre l'obligation de faire surgir du néant les structures
d'un enseignement obligatoire et la nécessité de les dissocier de
l'enseignement religieux, la route a été longue, courageuse et
pleine d'embûches.
L'Institut des Petits Frères de Marie dits Frères Maristes des Écoles
(1) fondé en
1817
à La Valla-en-Gier (Loire) par l'abbé Marcelin Champagnat est un ordre
religieux catholique dont la vocation est l'éducation chrétienne des
enfants. Il accueille des laïcs.

Au
XIXe siècle, les Maristes
ouvrirent de nombreuses écoles dans la région :
1843 : Saint Ambroix,
1846 :
Robiac,
1853 : Berrias,
1854 :
Bessèges (forges)
1860 : Rochessadoule,
1872 :
Molières,
1874 : Saint Florent, Le Martinet,
Bessèges (mines)
1875 : Rochessadoule (2e école),
1876
: Les Mages,
1877 : Castillon (Foussignargues)
1890 : Saint Paul-le-Jeune
(1)
Il est facile de les confondre avec les Pères Maristes
fondés en
1822 par le vénérable Jean-Claude-Marie
Colin, dont une des missions était aussi l'éducation des enfants, ou
encore avec les Marianistes fondés en
1817 par
Guillaume Chaminade dont l'activité était identique.
Saint Marcelin Champagnat, le vénérable Jean-Claude-Marie Colin et
Saint Jean-Marie Vianey (le curé d'Ars) furent ordonnés prêtres la même
année (
1816) au Grand Séminaire de Lyon.
L'école Communale des Garçons de Gagnières

Vers
1870, Castillon de
Gagnières comptait environ 2 000 habitants (1 900 catholiques ou
assimilés et 100 protestants).

Le 17 septembre
1865, le
conseil de Castillon déclare qu'il est urgent d'établir une école de
hameau aux Salles de Gagnières « vu qu'un très grand nombre
d'enfants se trouve privé de toute instruction à cause de l'éloignement
du village de Foussignargues ou sont l'instituteur et l'institutrice »

En mai
1869, le conseil de
Castillon assisté des plus forts imposés, délibère qu'il y a lieu de
créer aux Salles une école communale, l'école de hameau étant
totalement insuffisante. Mais la fin de l'Empire (la IIIe république
est proclamée le 4 septembre
1870) provoque des
retards.

Le 9 mai
1875, le conseil de
Castillon émet les vœux suivants :

que l'école de Castillon soit
trans transférée aux Salles

qu'elle soit confiée aux frères
des écoles chrétiennes

que l'école tenue par les
religieuses de Foussignargues soit instituée école mixte

L'abbé Chauvin, curé de Gagnières, appuyé par la
municipalité de Castillon (13 février
1876) et la
Mokta el Hadid, « la
Carrière de Fer », propriétaire des mines des Salles et de Montalet,
demande l'ouverture d'une école avec la participation de frères
maristes.
« L'an
1876 et le 15 mai, devant Nous, Gustave
Nagel, maire de la commune de Castillon de Gagnières, s'est présenté le
sieur Pagès Auguste, en religion frère Couronné, nommé instituteur
public de ladite commune par arrêté de monsieur le préfet du Gard en
date du 13 mai ».

Le 19 mai, le conseil de Castillon, après avoir
constaté que l'école installée dans la maison de M. Cyprien Hébrard
(550 F de location) fonctionne régulièrement avec 90 élèves dans un
local exigü qui empêchait d'en recevoir plus,

se prononce pour la
construction d'une maison d'école avec une salle communale pour ses
propres réunions. Le lieu choisi sera « l'Airette » parce qu'il remplit
la condition d'hygiène d'isolement des autres habitations et celle
d'accès aisé avec les routes construites (c'est l'école actuelle « des
garçons » qui fut aussi en son temps la mairie). L'architecte, M.
Fabre, prévoit un coût de 22 000 F.

prie instamment monsieur le
préfet de vouloir bien nommer M. Fallot Maurice, en religion frère
Argéus, dont le traitement est d'ailleurs prévu au budget, comme
instituteur adjoint à l'école communale de Gagnières.

Le 15 novembre
1876, le
conseil de Castillon note que la compagnie des Salles offre 2 000 F
pour la construction « d'une maison d'école aux Salles avec salle pour
un cours d'adultes ».

En
1877, alors que les
Maristes ouvrent dans la commune (Foussignargues) une deuxième école
qui durera jusqu'en
1903 et comptera jusqu'à 105
élèves, le frère Couronné est remplacé aux Salles par le frère
Kentigern (M. Régis Antoine Bèque) qui restera à Gagnières jusqu'en
1884.
L'école des Salles, ouverte un an plus tôt avec 45 élèves, en compte
rapidement, dans ses nouveaux locaux, une centaine répartis en
deux classes et encadrés par trois frères. En
1880,
un quatrième frère fut chargé du cours des adultes, et en
1883,
un cinquième vint s'occuper de la troisième classe nouvellement créée.

Les lois Ferry
(1)
modifièrent profondément le fonctionnement scolaire « Les écoles
primaires publiques vaqueront un jour par semaine, en outre du
dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le
désirent, à leurs enfants, l’instruction religieuse, en dehors des
édifices scolaires »

Le 20 février
1884, les
frères, remplacés par des enseignants laïcs, quittent l'école des
Salles, alors que l'école des frères de Foussignargues continue
d'exister.

À la rentrée
1884, à
l'initiative d'un comité constitué par MM. Thomas, Verger, Dupuy,
Assénat, Assénat et Tribes qui assure pendant quelques temps un
traitement de 1 800 F à trois frères, l'école dite « libre » ouvre deux
classes pour 80 élèves dans la maison Delbos au bas du Puech Nabou. Ils
seront une centaine en
1888. Les parents
volontaires paient de 1,50 F à 2 F par mois pour chaque enfant
scolarisé. La compagnie des mines verse 1,50 F par mois pour chaque
enfant d'ouvrier mineur, compléte les 1 800 F du traitement des frères,
régle le loyer de 540 F, et fournit le charbon, l'eau et l'éclairage.
En
1901, cinq frères accueillaient 120 élèves dans
trois classes (149 inscrits).

La tourmente déclanchée par les lois
Waldeck-Rousseau et Émile Combes
(2)
contraignit les frères à quitter leur habit religieux et à se
séculariser.

Le « Cher Frère » Eumène devenu M. Volle garda la
direction de l'école « des frères » jusqu'en
1905
année où M. David Sabatier qui fut chef de la fanfare municipale, le
remplaça.

En
1908, la Mokta el Hadid ne
trouvant pas satisfaisants les résultats de l'exploitation minière
cessa ces activités dans la commune. Les repreneurs, la compagnie des
mines de Gagnières puis la compagnie houillère de Bessèges, ne
reprirent pas ses œuvres sociales : Privés de traitement, les frères
fermèrent l'école et quittèrent le pays.
(1)

La loi du 16 juin
1881
établit la gratuité de l'enseignement primaire dans les écoles
publiques et les salles d'asile, et oblige les communes à prendre en
charge les dépenses scolaires.

La loi du 28 mars
1882
rend l'instruction (pas l'école) primaire obligatoire de 6 à 13 ans,
rejette l'instruction religieuse hors de l'école, retire le droit de
regard aux ministres du culte, et instaure « Le » certificat d'études
primaires.
(2)

La fameuse « Loi de
1901
» (1er juillet) établit la liberté d'association mais soumet les
congrégations religieuses à une autorisation préalable. En janvier
1902,
le Conseil d'État étend l'autorisation préalable à toute école où
exerce un « congrégationniste ».

Président du Conseil, Émile
Combes fit voter par le « Bloc des Gauches » la loi du 7 juillet
1904
qui interdit l'enseignement à toutes les congrégations, même autorisées.
L'École des Filles

Depuis
1862 l'école communale
des filles de Castillon (Foussignargues) était dirigée par les sœurs de
la Sainte Famille tandis que les Salles n'avaient pas d'école.

En
1866, deux religieuses
arrivèrent aux Salles et ouvrirent tout d'abord une école maternelle.

Le 11 février
1867, le
conseil de Castillon « reconnaît la nécessité de transformer l'école
libre de filles établie aux Salles dirigée par une institutrice
religieuse en une mixte de hameau vu l'éloignement et le nombre
d'enfant prie M. le Préfet de leur accorder cette autorisation et vote
à cet effet 925 F ».

Le 4 février
1877, le conseil
de Castillon « considérant que le village possède depuis des années au
quartier des Salles une école libre de filles qui compte 150 élèves et
dont la direction est confiée aux sœurs de Saint Joseph des Vans émet
le vœu de la transformer en école communale. Il vote 2 000 F pour le
salaire des institutrices et précise que son intention n'est pas la
suppression de l'école de Foussignargues mais bien d'avoir deux écoles
de filles »

Le 8 novembre
1879, le
conseil de Castillon insiste à nouveau mais l'autorité de tutelle est
réticente à ouvrir deux écoles communales de filles.

Parallèlement, le conseil de Castillon envisage
la construction de deux maisons d'école (16 mai
1880).

Le 20 mars
1881, le conseil
de Castillon fait remarquer que le développement de l'industrie minière
a fait des Salles le chef lieu de l'agglomération, que le siège de la
commune y a été transporté et que l'école communale de filles pourrait
y être transférée puisqu'il y existe une école privée qui accueille 120
élèves qui se suffit à elle même au moyen des rétributions scolaires
(logement fourni par la commune et la compagnie des Salles). Il demande
aussi la création d'une salle d'asile, classe maternelle, aux Salles
(ouverte en
1880, créée en
1883,
fermée en
1922).

Le 12 novembre
1882, le
projet de construction de l'école est rejeté en raison de la proximité
du cimetière. Une nouvelle construction est envisagée aux Aurelles pour
un coût de 31 313 F. Le conseil sollicite de la bienveillance du
gouvernement la somme de 20 911,65 F.

Le 16 mai
1886, le conseil de
Castillon délibère sur un emprunt de 44 150 F sur 30 ans pour la
construction d'une école primaire publique pour les filles et d'une
école maternelle aux Salles, chef-lieu communal. Il demande d'acquérir
au sieur Tribes Louis Cyprien pour 4 000 F les parcelles nécessaires
pour la construction de l'école des filles au chef-lieu de la
commune.

Le 21 mars
1896, le conseil
de Castillon délibère encore sur la construction d'une maison d'école
de filles aux Salles (15 500 F mobilier compris). L'école est
fréquentée par une vingtaine d'élèves, nombre suffisant pour que la
construction soit autorisée.

La laïcisation ne modifie pas grand chose. En
1897,
l'école a cessé d'être communale mais elle regroupe toute les filles du
pays.